jeudi 23 octobre 2014

Puisqu'on vous dit qu'on est de gauche, bordel !


Le salariat a le plus souvent été trahi par les manœuvres électorales, ces désillusions amènent aujourd'hui le front national à des scores inquiétants. Le venin des trahisons sociales ne date pas d'aujourd'hui
Un peu de mémoire ne fait jamais de mal, la connaissance de l'histoire sociale est vraisemblablement la meilleure de nos alliées
de Jaurès à Hollande, le parti socialiste connaît la musique

Le parti socialiste use et abuse de l'explication de texte pour assumer sa politique droitière . A écouter Valls et Hollande, il n'y a pas d'alternative. C'est le fameux « Tina »(There Is No Alternative) de Margaret Thatcher . C'est cette même politique néo-libérale de l'offre , inventée par Thatcher et Reagan , il y a plus de trente ans, qu'on nous sert en guise d'échappatoire à la crise. Méthodes éculées, promesses trouées, sacrifices en constante progression…...
Cette politique de renoncement social s'imposerait aujourd'hui, parce que le PS a une fine analyse de la crise et pas d'autre solution , à son grand regret .
Rien n'est plus faux !
la trahison sociale a souvent été un choix délibéré et conscient des gouvernement de gauche . Il suffit de regarder son histoire.

Voici quelques faits d'armes de personnages politiques, de gauche bien sur

Aristide Briand
Homme lettré, clerc de notaire, proche des révolutionnaires, de l'anarcho syndicalisme, il soutient la grève générale, jusque là tout va bien.
En 1906 il est nommé ministre de l'instruction publique, et devient alors un soutien de Clemenceau. Puis Briand devient Ministre de la justice en 1908, et se montre hostile au droit de grève des fonctionnaires .
En 1910, alors chef de gouvernement, il fit révoquer plusieurs milliers de cheminots pour fait de grève (entreprise criminelle, violence, désordre et sabotage) , avec Clemenceau il sera le briseur de grèves de ce début de siècle
Briand imposera Clemenceau, qui s'illustrera dans les répressions les plus meurtrières de notre histoire sociale.

Jules Moch
Polytechnicien , Ingénieur du Génie Maritime, adhérent à la SFIO, Jules Moch accède au ministère de l'intérieur en 1947 . La France connaît une période de reconstruction . Les mineurs , entre autres, se sont investit dans cette tâche d'après guerre. Mais aucune reconnaissance sociale ne vient , au contraire , les salaires enregistrent un recul de 30 %, la CGT appelle à une grève en 1948. Cette période est aussi marquée par le plan Marshall, la création de FO avec la complicité des dirigeants en place, et de la C.I.A., . C'est le début de la guerre froide.
Contre 15 000 mineurs solidaires occupant le fond des puits , Jules Moch envoie 60 000 CRS !!, Il fait licencier 3000 mineurs, la répression fera 6 morts.

Il faut rappeler que de nombreux membres de la SFIO, en situation de responsabilité politique ont appuyé le plan Marshall , appelé à la création d'un syndicalisme anticommuniste (Force Ouvrière) , et œuvré à l'encontre des mouvements sociaux de cette époque. Outre Jules Moch, il y eut également Léon Blum pour favoriser ce qu'on appelait pudiquement « l'aide américaine »


François Mitterrand
Personnage contrasté, qui a acquis une dimension d'intouchable. N'en déplaise à certains , cet homme commence à militer en 1934« aux croix de feu », puis est sympathisant de la Cagoule, avant d’être un contractuel du gouvernement de Vichy, il deviendra résistant après 1942.
Mitterrand a toujours assumé d'avoir fait fleurir la tombe de Pétain , à l’Île yeu, de 1987 à 1992. En 1954 il est Ministre de l'Intérieur, opposé à l'indépendance de l'Algérie .il déclare : « La rébellion algérienne ne peut trouver qu'une forme terminale : la guerre. », puis « L'Algérie, c'est la France. »
Garde des sceaux, il donnera forcément son accord pour l’exécution des résistants algériens en 1957, dont les membres du parti communiste algérien. 45 exécutions expéditives seront également « couvertes » par Mitterrand (lire Mitterrand et la guerre d'Algérie , Benjamin Storia, chez Calman Levy )
Huit fois ministre, quatre fois secrétaire d’État, sous le gouvernement provisoire , lors de la 4em et 5em république, puis sénateur, il accède à la présidence en 1981, fort de 110 propositions, pas toutes honorées , loin de là.
Il y eut des avancées sociales, mais dés 1982, la pause sociale, annonça le reniement, les reculades. La CGT fit les frais de la « génération Mitterrand », le syndicalisme recula , la mise en orbite des partenaires sociaux cassait alors la dynamique des luttes, les effectifs syndicaux se sont écroulés.
Le parti socialiste de 1982 à 1995 a assumé fièrement la casse de la sidérurgie, de la navale, des mines, sans contrepartie sociale (Les grands gagnants furent entre autres, la famille De Windel, le Baron Seilleres),  . Ce fut aussi , la politique du franc fort, la désindexation des salaires sur les prix, l'arrêt de l’échelle mobile pour calculer les salaires et donc le blocage des salaires (encore en vigueur aujourd'hui) , la coordination des infirmières en 1991 fut reçue au canon à eau , alors que Mitterrand déclarait : "notre société doit être plus juste pour ceux qui se dévouent sans compter" (ah, l'humour socialiste!!)
Ce fut aussi , l'affaire du Rainbow Warrior, les Irlandais de Vincennes, les écoutes de l’Élysée, le financement du parti socialiste, le soutien politique et financier aux Hutu pendant le massacre de près d'un million de Tutsis, l'implication et les scandales financier de Francafrique ...Bref, du socialisme qu'on vous dit ….
En 1981 Le Pen n'arrive pas à réunir 500 signatures pour la présidentielle, en Juin aux législatives il fait 0 ,18 %. En 1982 le fn obtient 12,60 % à Dreux, en 1984 , 10 élus fn rentrent à l'assemblée, a la fin du second septennat de Mitterrand Le Pen fait 15 % aux présidentielles, avec des pointes à 35 % dans le Var et les bouches du Rhône

Bernard Kouchner
Avant d'aller flagorner et cirer les pompes comme ministre chez Sarkozy, le héraut de l'ingérence humanitaire a fait , en 2003, un rapport « humanitaire » en faveur de Total, en Birmanie. Il y affirmait que la multinationale n'avait aucun conflit d’intérêt avec la Junte au pouvoir à Rangoon.
le rapport Kouchner blanchit le pétrolier. Il met en exergue le réel investissement social et sanitaire de la compagnie au service des habitants du secteur du gazoduc. Mais l'enquête s'arrête là et ne dit rien, par exemple, des retombées financières pour la dictature. Rémunéré 25 000 euros pour " deux mois et demi " de travail, M. Kouchner assure, après coup, qu'il ne modifierait pas une virgule à ses écrits. " Rien ne me laisse à penser que le groupe ait pu prêter la main à des activités contraires aux droits de l'homme ", déclare-t-il au Monde. Sur les faits allégués de " travail forcé ", il ajoute : " Je suis sûr à 95 % que les gens de Total ne sont pas capables de faire ça, ce ne sont pas des esclavagistes. " M. Kouchner assure par ailleurs n'avoir " certainement pas fait ça pour de l'argent " (Journal Le Monde/ 13/06/2011)
http://birmanie.total.com/fr/publications /rapport_bkconseil. pdf)
Ce rapport a été versé au Tribunal de Nanterre par Total pour se défendre contre des réfugiés Birmans, qui portaient plainte pour « crime de séquestration », « travail forcé », pas plus , pas moins
Merci Bernard !



Aujourd'hui on a Hollande, et sa clique de banquiers

Les déclarations des hérauts du PS sont surprenantes , Valls tient le Pompon, entre des éructations xénophobes à l'encontre des Roms, des incantations anti grèves, le tout salué par le MEDEF, ou son ami Serge Dassault. Hollande quand à lui , laisse l'expression à son staff, recruté dans les banques amies.
On ne sait pas trop comment , mais en cent ans nous sommes passés de Jaurès à Hollande, de Marx à Michel Sapin, de Zola à Emmanuel Macron. Quelle évolution !
Il y a tromperie sur la camelote depuis trop longtemps, la relation au vote des salariés est caviardée, toxique. A force de voter « utile » nous nous sommes retrouvés un jour de Mai, à choisir entre Le Pen et Chirac, pour celles et ceux qui avaient encore le goût du bulletin dans l'urne.
Si l’électorat de gauche fut déçu par Mitterrand , il est aujourd'hui désespéré. Le mépris, le mensonge, l'insulte sont réservés aux mouvement sociaux. Un des derniers en date , « la marche de la science », animé par des chercheurs et des enseignants, s'est vu éconduire au nom des dogmes de l'Europe. Casse de l’intermittence, cadeaux aux patrons, fiscalité anti sociale, casse de l'enseignement supérieur et de la recherche, casse du service public, ça commence à faire beaucoup


La CGT , par ses statuts, s'est toujours voulue éloignée du parlementarisme partisan. La charte d'Amiens n'a pas été faite pour interdire aux syndiqués de faire de la politique, mais pour empêcher la politique de pourrir la vie syndicale.
Mais aujourd'hui, en respectant notre indépendance , il nous faut parler, parler fort, des prochaines élections.
Tout comme Bernard Thiebault avait pris position contre Sarkozy en Mai 2012, notre Syndicat CGT, doit à tous les niveaux prévenir de la toxicité des votes à venir. Notre silence serait interprété comme un label de gauche , par les dépouilleurs de la classe ouvrière.
Nous taire serait la plus belle occasion de faire le lit du front national, nous devons au contraire exiger une politique sociale et pour cela prendre la parole dans les assemblées politiques pour que chacune et chacun puisse faire un vrai choix
 
Dernière minute / Le gouvernement de flics se distingue…..
A peine cet article est il écrit, que les forces de l'ordre du gouvernement Valls ont assassiné Rémi Fraisse, sur le barrage de Sivens, Samedi 25 Octobre.
Que dire  devant la mort d'un jeune militant de 21 ans ?
Pourquoi mettre des escadrons de gendarmeries là où s'exprime la démocratie ?
Valls et Hollande veulent t-ils rivaliser avec les belles heures de Charonne ?

Flics face aux intermittents, face aux grévistes cheminots, hospitaliers, enseignats, face aux étudiants , aux lycéens, Flics encore dévastant les campements de Roms, flics toujours à Calais contre les plus pauvres des plus pauvres, et pour finir en beauté, flics à grenades buttant des gamins.

Ce n'est plus un gouvernement, c'est une milice prête à tout, jusqu'à jeter la vie en pâture , pour préserver les patrons et autres tenants du capital.
Valls n'a pas révoqué le Préfet, Hollande a mis deux jours pour émettre un mot pour la famille du jeune Rémi, Cazeneuve défend ses flics , la Ministre de l'écologie, Ségolène Royal, en charge de l’étude du dossier Sivens n'a rien dit, pas un mot…….

Hollande avait dit que la jeunesse était la priorité de ce quinquennat, ….
message reçu

C'est un bilan antisocial , meurtrier que nous devrons rappeler à chaque échéance électorale.

mardi 2 septembre 2014

A Monsieur Rebsamen


Michel Ancé
Chômeur
Syndicaliste

Monsieur Rebsamen
Ministre du Chômage

Nancy le 2 Septembre

Monsieur

Je digère difficilement vos propos écœurants (lien ci dessous) à l'encontre des chômeurs , dont je suis. Cependant vous avez bien raison de fustiger ces quelques 5 millions de personnes oisives, feignasses en devenir ,qui snobent les généreuses et mirifiques propositions du Medef.
Continuez, Monsieur le Ministre du Chômage, ces gueux profitant grassement de Pôle emploi, voudraient eux aussi voir leurs émoluments grimper de 30 % comme les as du CAC 40. Puis quoi encore !!!!! Ingrats , ils boudent l'incessant travail élyséen qui tournebroche la courbe du chômage.
Il faut tenir le pays contre les profiteurs , salauds de pauvres (9 millions quand même). Manu Macron (tâcheron chez Rothschild, héritier de Taylor) a fixé un cap, raboter les 35 heures. L'autre Manu (héritier de Clemenceau et du Général Nivelle) a fait l'escort boy aux gâteries du Medef, tortillant du cul et promettant de raser gratuit sur le dos de la populace , trop gâtée.
Il ne manquait que vos propos pourris , pour complaire à l'ordre marchand. Voilà c'est fait ! Quelle semaine !!
François Hollande, a déjà fait le camelot de foire , il y a quelques jours , devant les ambassadeurs ...Les propos étaient aussi infects pour attirer l'investisseur. Le chef de gondole de l’Élisée racolait pour qu'il y ait une plus grande facilité d'obtention de visas pour l'investisseur ou l'étudiant à cinq pattes .... Je me souviens, moi, d'une petite Léonarda raflée par trois cars de flics dans un voyage scolaire. Gonflé le François !!

Sachez, Monsieur le Ministre du Chômage, que , depuis trente ans ,si vous et vos prédécesseurs aviez été payés au résultat , vous barboteriez dans une mouise peu racontable . Heureusement la République , bonne fille vous paye, généreusement, avec nos sous, sans qu'aucun contrôle qualité n'ergote sur votre prestation d'épicier .
J'ai passé prés de 40 ans à l'usine, dont 28 de nuit en cotisant aux Assedic . J'ai connu trois licenciements économiques, j'ai bouffé deux ans au resto du cœur avec mes mômes , il me semble ne pas devoir un sou à quiconque. Je vous prie donc de garder vos propos populistes nauséeux pour Cahuzac and Co, ou les cireurs de pompes que vous fréquentez.
Pour ma part, il est vrai que je refuse d'aller faire l'esclave pour un demi salaire de merde chez Disney Land à temps partiel, ou autres patrons devant lesquels se prosterne le parti socialiste

Vous vous êtes illustré pour le cumul des mandats, ainsi Maire de Dijon et Président de la Communauté urbaine, vous gagniez 8100 €, aujourd’hui un peu plus de 16 000 , comme Ministre. Qui vous autorise à cracher sur des personnes socialement faibles, en passe de devenir pauvres ? Pourquoi n'attaquez vous pas celles et ceux , du cercle feutré du Cac 40, gagnant un Smic à la minute ?

Voilà, Camarade Ministre de Gôche, je n'abuse pas de votre temps, trop précieux à combattre les parasites gavés d'allocations.

Bonne chasse

Michel ANCE


http://www.liberation.fr/economie/2014/09/02/rebsamen-ressort-le-baton-contre-les-chomeurs-pas-assez-motives_1091965

mardi 1 juillet 2014

Tour de France de merde !


ça fait cher du Tour !!
cité le 6 Juillet 
dans l'Est Républicain

Lettre ouverte au Président du Conseil Général de Meurthe et Moselle


Maron le 1er Juillet 2014

Monsieur le Président,

Dans la nuit du 24 au 25 Juin , les habitants de la rue de Toul à Maron ont été confrontés à des travaux routiers, très soudains. Des engins de chantiers ont oeuvrés toute la nuit pour refaire une portion de route d'environ 1,5 km. Le commanditaire des travaux, vous même, n'a pas pris la peine de nous informer, de cette intervention peu banale. .
Certaines habitants furent surpris d'entendre des travaux tardifs, vers 21 h 00, c'est le chef de chantier qui leur a indiqué que le bitumage allait durer jusqu'à 4 ou 5 h 00 du matin .

Les élus locaux habitant la rue n'ont pas été prévenus non plus , et ne purent informer les résidents.

Ces travaux frénétiques ont été réalisés pour satisfaire au « Tour deFrance ». Bigre ! La raison doit être impérieuse, car pour beaucoup de Meulsons (habitants de Maron) , l'état de la route était suffisant pour aller au boulot, faire passer les bus scolaires, les ambulances , les transports en commun.

A l'heure où notre département compte des sous effectifs criants dans les hôpitaux , voit des classes fermer , des budgets sociaux réduits, il est surprenant de mettre nos impôts à contribution pour une initiative relevant d'organisateurs privés.
L'A.S.O (Amaury Sport Association) organisateur du « Tour de France », annonce un chiffre d'affaire de 120 millions d'Euros , en progression de 7 à 10 % selon les années. 2011 a procuré à ce groupe 32,5 millions de bénéfice. Était il si urgent d'offrir une réfection à raison de 130E le M2 .
Ces largesses n'incluent pas le passage à la caisse à hauteur de 55 000 € pour une ville de départ , et 115 000 pour une ville d'arrivée.
Selon le journal Sud Ouest, la réfection des routes pour le Tour de France ,dans les départements oscille entre 200 000 et 850 000 € (pour les départements de montagne) , qu'en est il de la Meurthe et Moselle

Beaucoup invoquent la bonne affaire , et les retombée des ventes. Je peux vous assurer que pour la ville de Maron , il n'y aura pas de galette , juste des nuisances, en plus de la nuit sans sommeil que nous vous devons. 

Est il normal d'ouvrir la manne fiscale pour un troupeau de dopés, précédé d'une caravane publicitaire indécente ? Depuis 20 ans , les journalistes nous informent de la pharmaco délinquance coutumière de cette épreuve . Les ex -maillots jaunes sont des délinquants toxico repentis pour certains , morts de cancers pour d'autres .
Est la , la promotion du sport? Jusqu’où va aller le grotesque ? Pourquoi ne pas faire payer certains sponsors du Tour, genre banque à mascotte rugissante , mouillés dans les turpitudes politicarde-financières et foutre ainsi la paix au contribuable

Je vais en terminer là, mais vous serait il possible de racler les fonds de tiroirs, si ASO en laissât, pour assurer la jonction de la piste cyclable de Maron à Sexey aux Forges , trois pauvres petit kilomètres , afin que toutes et tous fassent du vélo en toute sécurité. N’étant pas un groupe financier puissant , nous nous contenterions d'une piste très basique, et peu chère .

Recevez mes salutations

Michel ANCE
habitant de Maron , un peu échaudé
 
  http://blogs.mediapart.fr/blog/devnull/070714/ca-fait-cher-du-tour

mardi 8 avril 2014

Aux salariés de Libération

Aux salariés de Libération en lutte
Publié dans Libé le 5 Avril 2014

Bonjour

Je lis , le plus souvent possible, Libé depuis 1977. Votre journal m'a rarement laissé inexpressif. Comment ne pas être ému face à la une consacré à l'évacuation des sans papiers de St Bernard par les CRS avec pour seule citation les mots de Debré, » avec coeur et humanité », comment ne pas se mettre en rage lorsque qu'Yves Montand assène « Vive la crise ! » en pleine page. Des rubriques « taulards » des années 70, à la couverture des grèves de 1995, aux éditos racoleurs de 2005 vantant le oui nécessaire, jamais un journal ne me surprit autant.
Au gré de mes humeurs, et du traitement de l'actualité, Libé traversa la pièce parfois, finissant rageusement contre le mur, ou fut précieusement mis de côté .
J'étais ouvrier du Livre pendant 30 ans aux NMPP à Nancy, dans un centre de distribution et d’impression de province, comptant, conditionnant , triant les journaux chaque nuit . Lorsque Libé était imprimé, j'attendais , impatient à la sortie de la roto. Imaginant l'insolence du jour, l'humour choisi pour traiter des grandeurs et décadences de notre quotidien
Quelle tête il a aujourd'hui , le Libé ?

C'est un bonheur , un privilège de découvrir au milieu de la nuit le journal de demain ! Cette primeur me faisait oublier la dureté du travail , nous portions avec mes collègues entre 12 et 25 tonnes par nuit, de journaux et magazines.
Parfois il y eut des tensions, en 1989, les NMPP firent grève pendant 10 jours, et le mouvement de la CGT fut vivement critiqué par la rédaction de Libération. Nous prenions alors la responsabilité de ne pas distribuer un journal réunissant des efforts, de l'imagination , du talent .


Je me sens concerné par votre combat. Nos patrons sont les mêmes, actionnaires thuriféraires du sacro saint marché. Leurs journaux vont mal, mais leur affaires vont bien.
Nos centres d'impressions et de distribution décentralisés (Nantes, Nancy, Marseille ,Lyon ,Toulouse)  ont souffert des décision financières des décideurs la presse d'information aussi. Votre journal n'a pas été épargné.
Nos professions ont perdu plus de 60 % de leur salariés. Que disent les actionnaires ...Pas assez , le coût du travail est trop élevé
En 2007, Il fut décidé que Libération serait imprimé à Bournezeau (Vendée) , pour toute la façade Ouest. Bien évidement l'abonné de Bayonne n'eut pas tous les jours son Libé, les ventes baissaient , mais banquiers et actionnaires se contentaient du « schéma » , les coûts avaient été baissé, tant pis pour les ventes.
Toutes les érosions des ventes de Libé, n'ont pas été du seul fait de Libé . La « stratégie » des patrons était collective. Ainsi, le Figaro, et les Échos ont déserté en premier nos centres d'impression, laissant aux autres éditeurs , dont Libé, à se départager des coût de péréquation . Les premières fortunes de France se taillent que les autres se démerdent. Toutes les remises en cause rédactionnelles de votre journal avaient pour cause des motifs financiers. Les crises de Libé 1, 2 et 3 n’étaient pas des caprices rédactionnels mais des exigences de rentabilité.

Depuis le 2 Avril, les patrons de Libération ont arrêté l'impression décentralisée en province, trop cher ma pauv' dame !
La fausse bonne idée va mettre en péril les ventes de Libé au numéro dans les pays limitrophes et le service des abonnés.
Depuis 1979, la technologie permet d'imprimer au plus prés des réseaux de distribution, évitant ainsi de mettre des camions sur la route , et pénaliser un produit fragile par des heures de transport lent . La transmission numérique est plus rapide qu'un engin mu par du fuel...CQFD ...Que font nos patrons ? Le diesel bien sur ! , c'est moins cher ma pauv dame !!!
A Nancy, dés que Libé est imprimé, vers onze heure, ou minuit, les ouvriers de la distribution chargent des voitures à destination de la suisse , du Luxembourg, de l'Allemagne. Certaines voitures postales se rendent aux aéroports pour servir des ambassades, comme Tel Aviv,
Maintenant , Libé arrive au rythme trépidant du camion , au mieux vers une heure et demie du matin, Le temps de transport, est autant de temps pris sur le rédactionnel. Bref Libé arrive en retard et moins complet donc moins vendable et moins vendu....quel génie ces actionnaires .

Sur ces question de distribution, les salariés des centres de province sont prêts à se battre avec vous . Imprimer un Libé sauvage dans chaque centre ? Avec visite guidée de l'imprimerie.. ? .Une nuit de la presse en live ? ou se croiseraient lecteurs, rédacteurs, rotativistes , ouvriers de la distribution. Chiche , un combat convivial en quelque sorte, nous savons faire , nous en aurions envie.
Votre journal nous tient à cœur, nous qui n'écrivons pas , nous n'en gardons que le noir sur nos mains chaque nuit, et nous en sommes fiers.

Votre combat est beau, ouvert à toutes et tous . Vous avez résumé votre lutte par des mots qui ressemblent à Libé, Oui , vous êtes un journal !
Un beau journal !
Votre affirmation respire une juste fierté, une indignation partagée et l’intelligence de celles et ceux qui ne se résignent pas

courage !

Michel ANCE
adhérent sglce/CGT